Stéphane Mallarmé

Biographie

Né en 1842, Stéphane Mallarmé mène une vie partagée entre l’enseignement de l’anglais et une intense activité littéraire et poétique. Considéré comme l’un des fondateurs du symbolisme, mouvement littéraire de la fin du 19ème siècle, il contribue à moderniser la poésie traditionnelle et influence des générations d'écrivains et d'artistes. Il meurt à Valvins le 9 septembre 1898.

Les premières années

D’une enfance assombrie par les deuils à l’enseignement de l’anglais

Étienne Mallarmé, dit Stéphane, naît à Paris le 18 mars 1842 dans une famille de fonctionnaires. Il passe une enfance assombrie par la disparition de sa mère en 1847 et de sa sœur cadette Maria en 1857.

Élève au lycée de Sens (Yonne), il écrit ses premiers essais poétiques à l’âge de 15 ans, influencé par Victor Hugo, Théophile Gautier, Charles Baudelaire et Edgar Allan Poe. Ses premiers poèmes sont publiés en 1862.

Ayant appris l’anglais « simplement pour mieux lire Poe », il effectue un voyage d'études à Londres, où il épouse Maria Gerhard, une jeune gouvernante allemande rencontrée à Sens. Il obtient ensuite son « certificat d’aptitude à l’enseignement de la langue anglaise » et devient professeur en 1863.

Les années 1860

L’affirmation d’un jeune poète

Mallarmé débute sa carrière d'enseignant à Tournon (Ardèche), où naît sa fille Geneviève en 1864, puis la poursuit à Besançon et à Avignon. Ces longues années en province sont difficiles. Mallarmé ne connaît guère d’épanouissement dans son métier d’enseignant, pénible « gagne-pain obligé », et trouve dans la poésie un moyen d’évasion.

Il traverse alors une période d’intense création. Entre 1863 et 1866, il rédige ses poèmes les plus connus : Brise marine, L'Azur, Les Fleurs, une première version de L’Après-midi d’un faune Un choix de poèmes publiés dans Le Parnasse contemporain en 1866 l’amène à une première reconnaissance.

Paris, 1871

L’aventure moderne

En 1871, Mallarmé, désormais père du petit Anatole, est enfin nommé à Paris et s'installe dans le quartier de l'Europe, près de la gare Saint-Lazare. Il se rapproche alors des cercles littéraires et artistiques de la capitale, ce qui enrichit considérablement sa vie et son œuvre.

En 1873, il rencontre dans le salon de Nina de Callias le peintre Édouard Manet, dont il défend le travail et qui devient son « meilleur ami ». L’artiste illustre sa traduction du Corbeau de Poe, publié en 1875, et L’Après-midi d’un faune, publié en 1876, et peint son portrait. Son amitié avec Manet lui permet aussi de faire la connaissance des futurs « impressionnistes ».

C'est à cette époque que Mallarmé se met à la recherche d'un lieu de villégiature en région parisienne et découvre, non loin de Fontainebleau, une ancienne auberge de bateliers, qu'il commence à louer en août 1874. C'est le début d'une longue histoire : habitude est vite prise de séjourner tous les ans dans « la petite maison au bord de l'eau ».

La fin de cette décennie est marquée tristement par la mort prématurée d'Anatole, à l'âge de 8 ans.

Les années 1880

Une reconnaissance élargie

Après la mort de Manet en 1883, de nouvelles amitiés se créent, avec Berthe Morisot et sa fille Julie Manet, dont Mallarmé devient le tuteur à la mort de ses parents, mais aussi avec Edgar Degas, Auguste Renoir et Claude Monet.

En 1884, Mallarmé est révélé dans le petit monde des lettres grâce au chapitre que lui consacre Paul Verlaine dans Les Poètes maudits. Même s’il y est présenté davantage comme un pionnier que comme un écrivain égaré, il est très tôt considéré par ses détracteurs comme un poète fou, aux vers inintelligibles. La même année, Joris-Karl Huysmans fait du héros d’À rebours un admirateur de ses vers exigeants.

Malgré son désir de se tenir à l’écart de toute école, Mallarmé devient le représentant de la littérature dite « décadente » puis le chef de file du symbolisme, alors en plein développement. Il donne ses lettres de noblesse à une poésie nouvelle, initiée par Baudelaire, fondée sur l'usage des symboles et les correspondances entre choses visibles et invisibles.

À partir du milieu des années 1880, tous les mardis soirs, il reçoit des hommes de lettres et des artistes, surnommés les « mardistes », dans sa petite salle à manger, à Paris. Sa conversation brillante et sa réputation attirent bientôt de très jeunes écrivains qui, captivés, voient en lui « le Maître ».

Les années 1890

Le rayonnement du Maître

En 1892 paraît Vers et Prose, recueil de ses principales poésies, avec, en guise de frontispice, son portrait lithographié par le peintre et graveur américain James Whistler, dont il est très proche. Il ne cesse d'élargir le cadre de ses amitiés et de ses activités. Il entre également en contact avec les « nabis » : Pierre Bonnard, Ker-Xavier Roussel, Maurice Denis et surtout Édouard Vuillard, dernier peintre remarqué par le poète.

À Paris, la petite salle à manger où il reçoit à l’occasion des « mardis de la rue de Rome » ne désemplit pas. Les aînés ont disparu et ont cédé la place à une nouvelle génération, emmenée par le jeune Paul Valéry, qui vient silencieusement écouter Mallarmé parler de poésie, de littérature, de musique, d'actualité…

L’effervescence autour de Mallarmé est le reflet de cette fin de siècle. Elle témoigne de la vivacité et du dynamisme des milieux littéraires et artistiques, pour lesquels Mallarmé fait figure d’inspirateur jusqu’à sa mort et au-delà.

Ce rayonnement culmine en 1896 lorsqu’il est élu « Prince des poètes » à la suite de Verlaine, qui vient de mourir.

De 1893 à 1898

Les séjours prolongés à Valvins

À partir de 1893, année où il prend sa retraite anticipée, Mallarmé séjourne de plus en plus régulièrement dans la petite maison de Valvins. Il y loue davantage de pièces, y fait faire d’importants travaux et s’y installe toute la belle saison, d’avril à octobre.

Le 9 septembre 1898, alors âgé de 56 ans, il y meurt d’une crise d'étouffement provoquée par un spasme du larynx. Il est ensuite enterré aux côtés de son fils Anatole au cimetière de Samoreau.

En guise de testament, il laisse à sa femme et à sa fille une note dans laquelle il leur demande de brûler le « monceau demi-séculaire » de ses recherches, leur avouant qu’« il n’y a pas là d’héritage littéraire ». Or, l’héritage de Mallarmé est considérable. Possédé par l’envie d’écrire « un beau livre », il a créé au fil des années, « avec une patience d’alchimiste », une œuvre novatrice qui a bouleversé les canons de la poésie traditionnelle et ouvert la voie à la poésie moderne. Aujourd’hui encore, il inspire un grand nombre d’artistes.